Films documentaires
Mémoires des espaces, paysages humains
Les chemins hasardeux de la vie m’ont amené au documentaire, évoquant avant tout les rapports entre les individus, les espace où ils évoluent, les mémoires qu’ils laissent, les identités qui s’y interrogent. Je poursuis actuellement un projet initié en 2009 sur des procès de sorcellerie en Ardèche, en 1519. Un film ayant pour quête de donner une identité à une « sorcière », au travers des lieux où elle a pu vivre. Un projet qui tire ses origines dans ma propre histoire, car c’est l’histoire de cette prétendue sorcière qui fut le sujet de mon premier documentaire, co-réalisé avec mes camarades collégiens au temps de mon adolescence. Au travers de ce film, je retourne aussi sur mes propres traces, en documentant cette recherche par l’écriture d’un livre sur les procès de sorcellerie au cinéma.
La Maison de la sorcière, long-métrage, sortie prévue en 2024
Montpezat-sous-Bauzon, 12 octobre 1519. Catherine Peyretone est brûlée pour sorcellerie. Aujourd’hui, une habitante du village en rencontre une autre, qui a vécu dans la maison de la prétendue sorcière. Ensemble (un peu sorcières à leurs manières), elles vont questionner l’identité, le mode de vie, la personnalité de Catherine Peyretone au travers des traces qui restent de son histoire. C’est un voyage dans le temps au travers du présent et au fil des saisons, autour du sentiment d’être « chez soi » et accepté-e-s par les autres.
Écriture et réalisation : Jérémy Zucchi
Origine et présentation du projet
Cinéma et sorcières sont liés en moi depuis l’adolescence, car la première histoire que je tentais de raconter en film était celle de Catherine Peyretone, brûlée dans la grande prairie bordant mon collège. Du souvenir d’adolescence de cette histoire, ce projet a germé, grandi, évolué à partir d’une question : qui était cette femme ? La maison de la sorcière est donc né du besoin de lui donner un visage. Pour comprendre qui elle fut, le film explore les lieux où elle vécut.
La sorcière et les collégiens
Le projet découle d’un film réalisé en classe de troisième au collège Joseph Durand de Montpezat-sous-Bauzon, pendant l’année scolaire 2000-2001, sous la direction de Monsieur Dumas, professeur de français. Ce film a été filmé avec une caméra S-VHS par 6 élèves dans le cadre d’un atelier audiovisuel d’une heure par semaine, avec l’aide de la Maison de l’Image d’Aubenas. Ci-contre, voici un faux manuscrit que j’ai réalisé à l’âge de 14 ans pour ce film, représentant Catherine Peyretone en usant de tous les stéréotypes en vigueur. Il n’agissait pas pour moi, alors, de tenter de saisir une quelconque réalité de ce qu’elle fut, mais de jouer avec l’image stéréotypée de la sorcière.
Des racines aux développements imprévus
En 2009, j’ai repris ce sujet après mes études cinématographiques. Grâce à ma rencontre avec Laurent Haond, historien de Montpezat, j’ai pu mieux comprendre comment raconter ce procès de sorcellerie, dont les seules traces sont dans un ouvrage publié en 1865. Mon projet de film a pris de l’ampleur par ces recherches historiques, mais aussi avec la conscience que le procès de la « fachineyre » (sorcière) de Montpezat avait engendré au cours de l’automne-hiver 1519 une série de réactions en chaîne, conduisant à l’arrestation de six autres femmes, au Roux et à Mazan. Ces derniers faits, certains étaient déjà connus de Jean-Baptiste Dalmas, d’autres ont été découverts par Charles Besson et Anne-Marie Michaux aux Archives Départementales de l’Ardèche et publiés dans leur ouvrage Justice en Vivarais du XIVe au XVIIIe siècle (2008).
Le film a engendré un livre sur les « épidémies de sorcellerie » et leurs représentations au cinéma. Or, le virus à l’origine de cette épidémie sociale, c’est la conviction. Un mot menant à « je suis », « elle est », « nous sommes ». Il s’agit donc de questionner la notion d’identité par la micro-histoire .
Documentaires sur la création artistique
Des créations à raconter, des rencontres à filmer
Mon arrivée dans l’écriture documentaire a un nom : Émilie Souillot, avec qui j’ai co-réalisé Janoir, Une vie à peindre, qui a reçu le soutien du CNC. La vie d’un peintre de Lyon, Jean Janoir ; une histoire de résistance et résilience par la création. Au cours des 3 années pour le faire naître, les rencontres provoquées par ce projet se sont accumulées, au point qu’il faudrait en faire le récit pour saisir toutes leurs histoires. Comment vivre en tant qu’artiste ? Quelles conditions sont nécessaires à la création ? Ce sont de telles questions que ce film et Une Rencontre, Pockemon Crew + Emelthée ont travaillé. Un vieux peintre d’un côté, de jeunes danseurs, chanteuses et chanteurs de l’autre, deux films réalisés entrepris simultanément, par la grâce des rencontres, des opportunités de la vie.
Janoir, une vie à peindre, 53′, 2013
À 73 ans, le peintre Lyonnais Jean Janoir s’est mis à poursuivre son œuvre malgré la maladie grâce à l’ordinateur. De la peinture à l’huile aux brosses de Photoshop, en passant par la conception de décors d’opéras, l’architecture et l’écriture poétique, Janoir a toujours trouvé un moyen pour se relever. C’est un film sur l’art, donc sur la vie, avec ses moments de rire, de lyrisme et de douleur. Et une mystérieuse femme en robe rouge qui traverse le film comme les sensuelles figures féminines de ses tableaux.
Écriture et réalisation : Émilie Souillot et Jérémy Zucchi
- Production : JPL Productions et Cinaps TV avec le soutien du CNC
- Image et son : Emilie Souillot et Nicolas Folliet
- Montage et étalonnage : Pierre-Louis Vine
- Musique : Emilie Souillot (piano), Elodie Poirier (nickelharpa et violoncelle) et Jérôme Bodon-Clair (guitare)
- Mixage : Miroslav Pilon
Plus d’informations sur le site d’Eclore
Une Rencontre, Pockemon Crew + Emelthée, 29′, 2016 (diffusion gratuite sur le web)
Entre novembre 2010 et janvier 2011, les danseurs de hip-hop de la compagnie Pockemon Crew et les chanteuses et chanteurs du chœur Emelthée ont créé un spectacle d’un genre nouveau. Les danseurs ont appris à chanter, les chanteurs à danser, et tous ont utilisé leurs différences pour créer une œuvre.
Écriture et réalisation : Jérémy Zucchi
- Image et son : Jérémy Zucchi et Emilie Souillot, matériel prêté par Camp de Base
- Montage et postproduction : Jérémy Zucchi
Plus d’informations sur le site d’Eclore
Réaliser des films documentaires sur les arts et la culture
Tendre l’oreille et ouvrir les yeux, voici ce que l’expérience de ces premiers films documentaires m’ont appris. Accueillir ce qui se présente, saisir la création en train de se faire. Se laisser entraîner par les histoires qui naissent des rencontres. Après avoir assisté Émilie Souillot pour la finalisation du montage de son documentaire de fin d’études Histoire (s) de Jazz, Le Hot Club de Lyon (2009), nous avons eu envie de réaliser un film ensemble. Cette envie est elle-même née de la rencontre d’Émilie avec le peintre Jean Janoir et son épouse Michelle, dont nous sommes devenus (disait-elle) les « petits-enfants de cœur« . C’est d’une autre amie, la chanteuse lyrique Lise Viricel, que le film Une Rencontre, Pockemon Crew + Emelthée est le sujet est née en trois mois d’une manière assez imprévue à la fin de l’année 2010, alors qu’Émilie et moi allions débuter le tournage de notre film. Conçu pour une unique représentation le 4 janvier 2011, le spectacle de danse hip-hop et chant classique était une opportunité à saisir pour les danseurs de la compagnie Pockemon Crew et pour le chœur Emelthée, et pour moi celle de raconter la construction d’une petite utopie artistique, réelle. C’est ainsi que le chemin de la vie m’a mené à réaliser ces deux films.
L’artiste comme personnage de film documentaire
J’ai expérimenté avec ma série Carnet de notes l’absence (le plus souvent) de personnage. Mais les film documentaires reposent le plus souvent sur des individus, des visages, des voix, des gestes. Janoir, Une vie à peindre est avant tout le portrait de deux amis, décédés tous deux début 2012. Emilie Souillot et moi, nous partagions avec eux des moments chaleureux, remplis de discussions sur l’art, la musique et tant d’autres choses autour de verres de whisky, dans un brouillard de fumée de cigarette. Portrait collectif, Une Rencontre, Pockemon Crew + Emelthée est aussi le double portrait de la chef de chœur Marie-Laure Teissèdre et du chorégraphe Riyad Fghani, que des parcours différents ont fait se rencontrer. Je serais bien en peine de raconter comment ils sont devenus des « personnages documentaires », sinon par l’écoute, l’observation, la discussion. Dans le cas de Jean Janoir, il fallut l’apprivoiser, car il ne voulait pas initialement de film sur sa vie et son œuvre ; le tournage a ainsi été précédé de nombreux moments d’échanges, de lecture de scénario, au cours d’une année. En raison de son caractère improvisé, il ne fut pas de même pour les protagonistes d’Une Rencontre, Pockemon Crew + Emelthée, qu’il fallut ne pas brusquer, mais s’approcher provisoirement jusqu’à être au plus près de leur création.
L’écriture documentaire, au fil de la vie
Une Rencontre, Pockemon Crew + Emelthée a été pensé dès le début comme une petite utopie, l’espoir de la formation d’une communauté nouvelle, bien que comprenant très peu de discours sur la diversité culturelle ou le lien social. C’est en acte, par la création d’une œuvre, que cet espoir devait prendre forme à l’écran, avec toute la spontanéité, les rires, mais aussi les tensions que les répétitions d’un spectacle implique. Si la structure n’était pas encore définie, je savais toutefois où j’allais. Janoir, Une vie à peindre possédait un scénario écrit au préalable, avec des idées de séquences, des sujets à aborder en entretien, des lieux à filmer, mais le film fut toujours en mouvement. Après le décès de Jean et Michelle Janoir en 2012, nous avons éprouvé le besoin de prendre du recul. Nous avons ensuite réuni des proches des époux Janoir pour qu’ils évoquent leurs souvenirs, sans tomber dans une austérité cérémonielle que des amoureux de jazz tels que Jean et Michelle ne pouvaient que détester. Finalement structuré en chapitres, Janoir, Une vie à peindre est composé de fragments de tout ce qu’une vie peut embrasser, de la découverte d’une vocation artistique à la lutte contre la maladie, en passant par les triomphes éphémères et les longues années où le peintre s’est retiré dans ce qu’il nommait son « trou », loin des vernissages.
Diffuser des films documentaires
Après une version de 52 minutes achevée en 2012, une version courte d’Une Rencontre, Pockemon Crew + Emelthée a été montée en 2016 en raison de la difficulté de financer les droits des musiques interprétées par le chœur. Le film est diffusé gratuitement exclusivement. Le film Janoir, Une vie à peindre a été diffusé sur la chaine TNT d’Île-de-France Cinaps TV en novembre 2013 et a été projeté à plusieurs reprises. Surtout, il a connu une projection en avant-première dans le cadre d’une exposition-rétrospective de l’œuvre de Jean Janoir organisée à la mairie du 2ème arrondissement de Lyon (du 4 au 15 novembre 2013), par Émilie Souillot et moi-même, au sein de l’association Eclore.