Films de fiction et clips
Raconter des histoires, en jouant avec l’espace et le temps
La réalisation de documentaires et les recherches théoriques sur le cinéma m’ont semblé m’éloigner de la fiction, mais il s’agit pourtant, toujours, de comprendre comment raconter une histoire cinématographique. Avec le cinéma, « le temps devient espace », pour paraphraser Parsifal de Wagner que Philip K. Dick aimait citer. C’est ce mystère de l’espace et du temps, de l’existence à l’écran, que j’aime travailler dans mes réalisations. Mettant de côté les projets ambitieux, je livre progressivement des essais de fictions et de clips musicaux, qui me font renouer avec mes désirs d’étudiant en cinéma.
Dernières réalisations
Libération, 3’37, clip réalisé pour le duo Faunix, octobre 2023.
Danse de libération filmée au Crêt de l’Œillon (mont Pilat) à l’heure magique du soir, à partir d’un live sombre et bleu. Contrastes de la liberté de mouvement et de l’emprisonnement, du naturel et de l’artificiel, de l’extérieur et de l’intérieur, du soleil et des projecteurs, du chaud et du froid, des sens et du sens…
Réalisation : Jérémy Zucchi
- Composition, écriture et interprétation : Phoenix de Pandore (chant, mots, composition), Mr. Ashtree (basse, programmation, composition)
- Enregistrement live et mixage : VFA – Vincent Fraysse
- Images et montage : Jérémy Zucchi, avec Panasonic Lumix GH5 et DaVinci Resolve Studio
Ecouter sur Bandcamp l’album de Faunix
Naturaliste, 3’59, film réalisé collectivement en 48h (plus quelques heures) dans le cadre de l’événement Animeet #5 (Lyon), 9 et 10 septembre 2023.
Un vaisseau spatial explore la faune d’une étrange planète extraterrestre, recueillant des sons pour constituer de l’ADN…
Conception et réalisation : Ari (Aladin), Aymeric, Jérémy Zucchi.
- Outils utilisés : crayon de papier (Aymeric) ; aquarelle, feutres et crayons de couleurs (Jérémy) ; Photoshop (Ari) ; photographie (Ari) ; logiciel d’enregistrement et traitement du son (Aymeric) ; montage, étalonnage et mixage avec DaVinci Resolve Studio (Jérémy).
- Musique : composition originale à la guitare électro-acoustique (Aymeric)
Les Temps Ubuesques, 4’24, film réalisé collectivement en 48h (plus quelques heures) dans le cadre de l’événement Animeet #4 (Lyon), 13 et 14 mai 2023.
Et si les livreurs Uber ou Deliveroo existaient entre 1895 et 1900, au début du cinéma ? Notre époque marquant le retour des coursiers et journaliers payés à la tâche, nous avons décidé de confronter les deux époques dans un petit film rendant hommage aux premiers films, ainsi qu’à un géant de l’animation tel que Preston Blair dont nous avons allègrement décalqué certains modèles.
Écriture et réalisation : Caroline, Selma, Jérémy Zucchi.
- Outils utilisés : dessin et animation sur tablette avec Clip Studio Paint (Caroline), dessin à la tablette graphique avec Krita (Selma), montage et postproduction avec DaVinci Resolve Studio (Jérémy), films Lumière et Edison disponibles sur Wikimedia Commons.
- Musique : Kevin MacLeod (« Magic Escape Room » sur Incompetch.com)
Shadow, 1’27, film réalisé collectivement en 48h dans le cadre de l’événement Animeet #3 (Lyon), 21 et 22 janvier 2023.
Une métaphore de la recherche de l’équilibre, comme une lutte sans fin de jeu vidéo. Un combat (shadow boxing) d’une femme traversant des états différents, corps et esprits étant tantôt forts ou faibles, connectés ou désynchronisés…
Écriture et réalisation : Antoine The Programmer, Véronique Morel-Lab, Yousra The Fighter, Jérémy Zucchi.
- Outils utilisés : dessin et animation sur tablette avec ProCreate (Véronique), décors générés par l’IA Midjourney (Antoine), tournage sur fond vert et aquarelle (Jérémy), dessin au feutre (Yousra), montage et postproduction sur DaVinci Resolve Studio (Jérémy et Antoine).
- Musique : Visager (« The Final Road » sur Free Music Archive)
- Sons : Joseph Sardin (La Sonothèque)
Vague à larme, 1’52, film réalisé collectivement en 48h dans le cadre de l’événement Animeet #2 (Lyon), 15 et 16 octobre 2022.
Un voyage poétique dans le monde des ondes, celui d’une larme rejoignant l’océan. Un récit construit à partir d’expressions imagées évoquant l’eau, réalisé avec de l’aquarelle, une technique où il s’agit de jouer avec les propriétés de l’eau et des pigments…
Écriture et réalisation : Luce Aubry-François, Pauline Brennetot, Jérémy Zucchi.
- Outils utilisés : aquarelles (Luce et Jérémy), dessin et animation sur tablette avec Callipeg (Pauline), détourage à la tablette graphique sur Photoshop (Luce), montage et postproduction sur Adobe Premiere (Jérémy).
- Musique : Ketsa (« Draped in your beauty » sur Free Music Archive)
- Sons : Joseph Sardin (La Sonothèque)
Plus d’infos et d’autres films sur le site des 48H d’animation Animeet
Se lever, 4’08, 2020
Ne pas arriver à sortir de son lit, être seul pendant le confinement, continuer sa vie pendant que ça ne tourne pas rond… Pouvoir enfin se lever, pour un monde meilleur après la pandémie du covid-19.
Conception et réalisation : Jérémy Zucchi
- Musique : Émilie Souillot
- Citations : L’enfermement planétaire, essai d’André Lebeau (Gallimard, 2008) ; Tous les internets, émission du 27 mars 2020 (ARTE)
Chamane (clip), 2’27, 2019
Une évocation du chamanisme le temps d’un chant polyphonique étrange ; un court voyage dans les territoires enneigés du Mont Mezenc.
Conception et réalisation : Jérémy Zucchi
- Interprétation, composition, musique et chant : Émilie Souillot
Notes concernant Se lever
Se lever a été réalisé en avril 2020 avec un Lumix GH4 dans les conditions du confinement, c’est-à-dire aussi solitairement que son personnage principal, à l’exception de la musique composée à distance par Émilie Souillot. Pris par mes films documentaires, mes recherches théoriques et mon métier d’enseignant, je n’avais pas pu auparavant trouver le temps de réaliser un court-métrage de fiction, malgré des scénarios écrits laissés dans des tiroirs. Finalement une métaphore du confinement s’est imposée au cours de cette période étrange, jamais éprouvée au cours de ces dernières décennies en France. Avec seulement l’idée du dédoublement de soi en tête, j’ai commencé à filmer une séquence, puis une autre, sans écriture préalable.
Intentions et réalisation
Le dédoublement de soi s’est rapidement imposé comme une manière d’évoquer par l’absurde la solitude et de cristalliser en quelques situations l’étrangeté du confinement, au travers d’un besoin d’être avec autrui si urgent que le personnage en vient à se percevoir autre. Le ton de rêverie éveillée, sans distinction claire de ce qui relève de la réalité ou du rêve, m’a permis de rendre compte de la perte de repère temporelle de cette période, renforcée par un noir et blanc légèrement expressionniste. Il s’agissait aussi de rendre hommage au cinéma « primitif » afin d’évoquer le présent, avec un témoignage de soignante en couleurs faisant jaillir l’actualité dans cette monade schizophrénique.
Postproduction
Les technique utilisées ont globalement été celles de Méliès, aidées et étendues par le tournage en 4K et le montage numérique. Le dédoublement du personnage ne devait pas faire ressembler le film en démonstration technique, mais servir la métaphore du film, purement cinématographique. J’insiste sur l’importance du son, travaillé de manière à rendre compte de l’acuité auditive accrue en cette période presque silencieuse du confinement, ainsi que pour figurer l’importance des enjeux de cette période difficile.
Courts-métrages d'études
Apprendre le cinéma, en faisant des films
Comme bien d’étudiant-e-s en cinéma, je rêvais de long-métrage de fiction. Ce rêve ne m’a pas complètement quitté, mais j’ai en d’autres que je fais aboutir. J’ai eu l’opportunité de co-réaliser deux courts-métrages de fiction au cours de mes études à l’université Lumière Lyon-2 entre 2006 et 2008, avant de prendre le chemin du documentaire. Si j’ose encore les montrer sur le web, c’est parce que je suis fier de cet apprentissage, du travail réalisé avec mes camarades. Au travers de chacun de ces films, j’ai questionné par la pratique ce qu’est un personnage de fiction cinématographique : être là, mais être le produit du cadre, des coupes, de la structure, de la musique, du son et du mixage. Et pourtant émouvoir.
Une Meilleure jeunesse, 19’54, 2006
Un jeune homme à la vie monotone est fasciné par une jeune femme dont il a entrevu le regard dans un bar. À travers les reflets des vitres du métro, elle aussi remarque cet homme inconnu.
Écriture et réalisation : Jérémy Zucchi, Clémentine Delignières et Julien Carchon
- Interprétation : Camille Régnier, Xavier Picou, Bryan Eliason
- Image et sons : Jérémy Zucchi, Clémentine Delignières et Julien Carchon avec le matériel de l’Université Lumière Lyon-2
- Montage et mixage : Jérémy Zucchi
- Musique : Étienne Rousseaux et Paul Gandon
- Citations : La Nouvelle jeunesse, Poèmes frioulans (1941-1974), recueil de Pier Paolo Pasolini (Gallimard, 2003) ; Les Feux de la rampe, film de Charles Chaplin (United Artists, 1952)
Les Absents, 30′, 2008
Une femme en deuil erre entre le présent et son passé dans son appartement. Elle doit affronter sa mémoire et la mort pour renaître.
Écriture et réalisation : Cécile Desbrun et Jérémy Zucchi
- Interprétation : Cécile Giroud et Ivan Gouillon
- Image et lumière : Jérémy Zucchi avec le matériel de l’Université Lumière Lyon-2 et le matériel d’éclairage généreusement prêté par Farid Lakkimi
- Son : Marie Matchury et Daniel Capeille
- Postproduction : Jérémy Zucchi
- Musique : Etienne Rousseaux et Sébastien Cosson
Souvenirs de court-métrages étudiants
Une Meilleure jeunesse et Les Absents sont deux films réalisés au cours de mes études de seconde et troisième année de licence d’Arts du Spectacle à l’université Lumière Lyon-2, en collaboration avec Julien Carchon, Clémentine Delignières et Cécile Desbrun, dans le cadre d’ateliers de réalisation dirigés par les professeurs Rémi Fontanel et Laurent Charles. En ces années du tout numérique (2006-2008), le matériel disponible avait des performances encore très limitées en termes de lumière et nous n’avions pas encore d’appareil photo ou de smartphone pour nous affranchir de celui prêté par l’Université pour des durées courtes (de 4 à 5 jours). Les films ont été conçus en fonction de ces contraintes, avec toutefois quelques défis. Il est certain que l’accessibilité d’un matériel bien plus performant aujourd’hui décuple les possibilités techniques. Reste, toujours, de mettre les outils au service d’une histoire.
Intentions
L’histoire du film Une Meilleure jeunesse s’inspire des reflets dans le métro lyonnais et des échanges de regards des anciennes rames du métro D. J’ai proposé d’en faire l’axe de symétrie d’un film à la structure double, quasi muet (faute, aussi de don pour les dialogues et par volonté de tourner dans la rue). Comme le personnage principal, je travaillais au McDo’ et lisais Pasolini… Tourné un an plus tard à partir d’une histoire de Cécile Desbrun, Les Absents nécessitait un certain développement émotionnel : figurer le passé et le présent comme un labyrinthe, un temps en état de stase inspiré des premiers films d’Innaritù (en particulier 21 grammes). Il a été écrit afin d’utiliser au mieux nos faibles moyens, avec tournage en huis-clos pour marquer l’enferment, se concentrer sur les personnages (au nombre très limité), jouer du « montage vertical » (Eisenstein).
Tournages
Une Meilleure jeunesse a été réalisé en avril 2006 en 4 jours et demi de tournage, sans budget hormis de quoi payer des tickets de bus et des sandwichs, avec pour équipe ses trois co-réalisateurs, caméra, pied et perche étant prêtés par l’université. Les Absents a été tourné fin 2007 dans des conditions identiques par Cécile Desbrun et moi, mais avec l’aide de preneurs de son et de deux projecteurs pour la lumière (le luxe !). La différence de tournage de ces deux essais a été très enseignante : le premier en extérieur le plus souvent, aux dialogues rares et le plus souvent improvisés ; le second en huis-clos avec une actrice et un acteur d’expérience donnant vie et améliorant le texte écrit. Si Une Meilleure jeunesse a bénéficié de l’énergie de l’instant et des fulgurances du hasard, Les Absents pouvait moins reposer sur des moments volés, sa construction étant plus complexe. Par ailleurs, si le premier a été tourné « à l’italienne », c’est-à-dire en parlant aux comédiens pendant les prises lorsqu’il n’y avait pas de dialogue, à la manière d’un film muet, le second a dû être réalisé d’une manière plus traditionnelle. Je garde de beaux souvenirs de ces tournages.
Postproductions
Je n’oublierai pas le montage et la postproduction d’Une Meilleure jeunesse en 15 jours intenses enfermé (ou presque) dans mon douze mètres carrés, sur le logiciel Studio 9 (2 pistes d’image, 3 pistes de son). Le film ayant été tourné d’une manière assez sauvage, les rushes donnaient une impression de bazar absolu. Je me souviens avoir débuté le montage par la fin du film, afin de savoir très tôt si l’émotion recherchée serait atteinte ou non. C’est une stratégie que je conseille, car même si la séquence finale est ratée, cela permet d’une part d’y revenir plus tard pour (peut-être) l’améliorer, d’autre part cela aide à trouver le rythme du film. Monté sur Final Cut Pro 7, Les Absents a nécessité une post-production étendue afin de repenser la narration par le montage, la voix off, le mixage et les couleurs. Le film s’est éloignée progressivement de son esthétique naturaliste originelle pour revêtir des apparences de film fantastique. Avec ces films, nous avons testé par nous-mêmes la formule selon laquelle un film s’écrit au scénario, au tournage et au montage.
Diffusions
Faire des films, c’est génial, mais encore faut-il les diffuser. Or, cela nous ne l’avons appris sur le tas, surtout à nos dépends (mais c’est ça, apprendre). Déjà, la durée des films a posé problème (surtout pour Les Absents), beaucoup de festivals limitant alors la durée à 10 ou 15 minutes. Ensuite, l’absence de production, de soutien institutionnel, le côté « films d’étudiants » limitait encore les envois possibles, tout comme le coût d’un DCP pour les festivals le demandant, trop élevé pour nos faibles bourses. Enfin, dans le cas d’Une Meilleure jeunesse, la présence d’extraits des Feux de la rampe de Charlie Chaplin et de poèmes de Pier Paolo Pasolini dont nous ne disposions pas des droits ; nous savions que cela condamnait quelque peu le film. Du coup, il restait internet (d’abord sur feu la plateforme de streaming Wat.tv) les projections très sympathiques des Soirées VHS de la MJC de Monplaisir à Lyon, notamment, l’université Lumière Lyon-2 n’organisant pas alors de projection des films de fin d’études. Je me souviens avec plaisir, toutefois, de la projection des Absents (non finalisé) sur la façade de la maison de notre professeur Laurent Charles, au cours d’une soirée que bien des camarades n’ont pas oublié !